Le Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) est une espèce de rhinocéros unicornes présente en Asie. C’est la plus grande et la moins rare des trois espèces que compte le continent. Ce mammifère vit plus particulièrement au nord de l’Inde et au Népal.
C'était jadis un animal très répandu, mais la chasse et le développement de l’agriculture ont entraîné l’effondrement de sa population, qui ne comptait plus que 100 à 200 animaux au début du XXe siècle. Protégé à partir de 1910, le Rhinocéros indien a vu augmenter sa population qui comptait environ 2 500 individus en 2006 et 2 700 en 2010.
Un cinquième des rhinocéros sont confinés dans dix petites réserves, dans le nord de l'Inde et au Népal. Presque tous les autres vivent dans les 860 km² du parc national de Kaziranga.
DESCRIPTION
L'espèce n'a pas de sous-espèce identifiée. L'UICN définit cependant deux sous-populations : une population orientale, en Assam et au Bengale occidental, et une population occidentale au Népal et en Uttar Pradesh.
Ce rhinocéros d’apparence "préhistorique" possède une peau épaisse brun argenté, avec des plis énormes aux épaules et aux cuisses. Les pattes et les épaules antérieures sont couvertes de sortes de verrues. L’animal possède des poils très courts et dispersés sur le corps. Ils forment une petite touffe à l'extrémité de la queue.
Au stade adulte, les mâles sont plus grands que les femelles. Dans la nature, avec une longueur de 370 cm (maximum 380 cm) pour le mâle en dehors de la queue (330 cm pour la femelle), une hauteur au garrot de 180 cm, exceptionnellement 200 cm (160 cm pour la femelle) et un poids allant de 1,7 à 2,7 tonnes (1,6 tonne pour la femelle), le Rhinocéros indien constitue la plus grande des trois espèces de rhinocéros d’Asie. En captivité, les mâles et les femelles atteignent des poids beaucoup plus importants (jusqu’à 3,5 tonnes).
Mâles et femelles ont une corne unique, qui n'est pas présente chez les jeunes. La corne, comme les cheveux humains, est en kératine pure. Elle commence à apparaître vers l’âge d’un an. Elle atteint une longueur comprise entre 20 et 60 centimètres mais dépassant toutefois rarement 50 cm.
Le Rhinocéros indien est un herbivore. Il mange de l’herbe, des fruits, des feuilles, des plantes aquatiques, et même parfois des plantes cultivées par l’homme. Dans le parc népalais de Chitawan, une étude de Laurie en 1978 a montré qu’il consommait 183 espèces de plantes, les espèces herbacées représentant 70 à 89 % de sa consommation. Sa lèvre supérieure est préhensile et aide l’animal à attraper sa nourriture. Les incisives pour couper les végétaux sont bien développées.
Rhinoceros unicornis peut courir jusqu’à une vitesse de 55 km/h, sur de courtes distances. Ses pattes en pilier ont trois doigts chacune. Il a une excellente ouïe et un très bon odorat, mais sa vue est assez mauvaise. L’espérance de vie est de 30 à 40 ans, avec un record enregistré en captivité de 47 ans.
MODE DE VIE
Le Rhinocéros indien préfère les paysages de plaines et de marais ouverts avec une densité forestière faible. Forcés à se retirer devant la poussée des hommes, certains Rhinocéros indiens se sont mis cependant à habiter la forêt. Les Rhinocéros indiens sont surtout actifs dans la soirée, la nuit et tôt le matin.
De par leur adaptation aux milieux marécageux, ils sont une espèce plus attirée par l’eau que leurs cousins africains, et nagent assez bien. Ils aiment en particulier les bains dans les marécages, lesquels ont entre autres pour fonction de les enduire d’une couche de boue les protégeant contre les parasites de la peau. Toujours dans le cadre de la lutte contre les parasites externes, Rhinoceros unicornis accueille volontiers sur son dos des oiseaux insectivores, comme ses cousins les rhinocéros africains.
À l’exception de l’homme, Rhinoceros unicornis n’a pas vraiment de prédateur, si ce n’est le tigre qui attaque parfois des jeunes non gardés, voire, très exceptionnellement, des adultes. Les animaux sont par contre régulièrement victimes de diverses maladies, en particulier parasitaires.
Les Rhinocéros indiens vivent presque toujours en solitaire, bien qu'assez rarement on puisse trouver de petits groupes stables de 2 ou 3 individus (en dehors de la mère et de son petit). Le record enregistré en 1983 était de 6 sous-adultes vivant régulièrement ensemble. On trouve de façon temporaire des associations plus larges, jusqu’à une dizaine d’animaux. Sauf ces cas particuliers, chaque animal a son propre territoire, qui peut cependant recouper celui d’autres rhinocéros.
Un habitat typique du Rhinocéros indien. Ici dans le parc Népalais de Chitawan.
Les marquages olfactifs par le biais d’une odeur présente dans l’urine et dans les excréments sont un instrument de communication entre individus vivant sur des territoires proches, tout comme les cris, dont il existe plusieurs variétés. Grâce à ces interactions, les animaux définissent leurs territoires, et peuvent éviter ainsi leurs congénères, mâles et femelles ne se rencontrant normalement que pour s’accoupler.
Il est rare que les Rhinocéros indiens se battent entre eux. Cependant, les femelles avec des nouveau-nés se montrent particulièrement agressives envers des intrus de leur propre espèce, voire envers les grands mâles et les hommes. On a également noté une tendance à l’augmentation des combats entre mâles (parfois mortels) là où les populations sont les plus denses.
La reproduction peut avoir lieu toute l’année. Les mâles peuvent se reproduire à neuf ans. Les femelles atteignent la maturité sexuelle à quatre ou cinq ans. La femelle siffle pendant ses chaleurs (tous les 21 à 42 jours) pour que les mâles sachent quand ils peuvent la rejoindre. Après l’accouplement, la gestation dure entre 462 et 491 jours (environ 16 mois) et les premières mises bas ont lieu entre six et huit ans.
La mère donne naissance à un petit unique pesant entre 40 et 80 kg, mesurant de 96 à 122 cm de long et 56 à 67 cm au garrot. La parturition se fait debout ou couchée, et se déroule généralement rapidement, en une trentaine de minutes. Le petit est allaité régulièrement pendant un an, puis de façon plus ponctuelle jusqu’à 18 mois. Il reste ensuite quelque temps auprès de la mère, qui le chasse au plus tard une semaine avant la naissance du petit suivant. Il y a une naissance environ tous les 3 ans.
Le poids augmente rapidement, puisque le petit pèse environ dix fois son poids de naissance à l’âge d’un an (du moins en captivité, où les croissances sont nettement plus rapides). Il prend pendant les premiers temps 2 à 3 kg par jour (toujours en captivité). Le jeune mesure dans la nature environ 1 mètre à 1 an (56 à 67 cm à la naissance), 1,20 m à 2 ans, 1,35 m à 3 ans et 1,45 m à 5 ans. Les croissances en poids et en tailles enregistrées dans les zoos sont sensiblement plus rapides, du fait de la nourriture plus abondante. Un jeune mâle du Zoo de Bâle faisait ainsi 1,57 m à l’âge de 33 mois.