DESCRIPTION
Le raton laveur adulte mesure 80 cm en moyenne avec des variations entre 60 cm et 105 cm selon les individus, queue comprise. Les mâles sont plus grands et plus lourds que les femelles.
La masse du raton laveur est comprise entre 3,9 et 9 kg en moyenne. Les individus les plus gros vivent dans les régions septentrionales (8,5 kg en moyenne au Canada) ; record jusqu
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à 28 kg. Le poids fluctue selon la saison, atteignant un maximum à l
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automne : sa masse peut alors augmenter de 50 % dans les régions situées au nord.
La fourrure est généralement gris-brun, tirant plus ou moins vers le gris ou le brun. Le visage blanc porte de larges taches noires autour des yeux en forme de masque et une bande noire sur le nez. Quelques individus sont blancs, mais l
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albinisme est très rare. La mue débute au printemps et peut s
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étaler sur trois mois. Le pelage estival du raton laveur est court.
La tête est large, le museau pointu, les yeux noirs et les oreilles courtes (4 à 6 cm). L
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animal possède de longues canines comme tous les carnivores. Les pattes sont dotées de cinq doigts munis de griffes non rétractiles. Les pieds mesurent entre 100 et 125 mm.
La queue du raton laveur est généralement longue de 20 à 28 cm et peut mesurer jusqu
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à 40 cm. Elle compte 5 à 7 anneaux bruns ou noirs et son extrémité est toujours noire.
Le raton laveur ne doit pas être confondu avec le chien viverrin (ou tanuki), un canidé dont la fourrure est plus brune, la queue plus courte et de couleur unie, la rayure faciale interrompue sur le museau.
SOUS-ESPÈCES
Crâne avec ses dents: 2/2 molaires, 4/4 prémolaires, 1/1 canines, 3/3 incisives (de gauche à droite)
Quatre sous-espèces de raton laveur endémiques à l'Amérique centrale et aux Caraïbes ont souvent été considérées comme des espèces distinctes après leur découverte. Ce sont le raton laveur des Bahamas et celui de la Guadeloupe qui sont très semblables l'un à l'autre, le raton laveur de Tres Marias, qui est plus grand que la moyenne et a un crâne anguleux, et celui de la Barbade aujourd'hui éteint. Les études de leurs caractères morphologiques et génétiques en 1999, 2003 et 2005 ont conduit à répertorier tous ces ratons laveurs comme des sous-espèce du raton laveur commun dans la troisième édition de Mammal Species of the World (2005). Un cinquième raton laveur insulaire, le raton laveur de Cozumel (Procyon pygmaeus), qui ne pèse que 3 à 4 kg et a notamment de petites dents, est toujours considéré comme une espèce distincte.
Les quatre plus petites sous-espèces de raton laveur, d'un poids moyen de 1,8 à 2,7 kg, se trouvent le long de la côte sud de la Floride et les îles adjacentes ; un exemple en est le Procyon lotor marinus. La plupart des 15 autres sous-espèces ne diffèrent que légèrement les unes des autres par la couleur de leur robe, leur taille et quelques autres caractéristiques physiques14. Les deux sous-espèces les plus répandues sont le raton laveur de l'Est (Procyon lotor lotor) et le raton laveur de la haute vallée du Mississippi (Procyon lotor hirtus). Les deux partagent un pelage relativement sombre avec de longs poils, mais le second est plus grand que le premier. Le raton laveur de l'Est se rencontre dans tous les États américains et provinces canadiennes au nord de la Caroline du Sud et du Tennessee. Le raton laveur de la haute vallée du Mississippi vit dans tous les États américains et provinces canadiennes au nord de la Louisiane, du Texas et du Nouveau-Mexique.
RÉPARTITION ET HABITATS
Originaire d'Amérique du Nord, l
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espèce occupe le sud du Canada et la majeure partie des États-Unis, du Mexique et de l
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Amérique centrale, dans la zone intertropicale8. Il est plus rare dans les Antilles, où il est une espèce protégée16. Il est absent de certains secteurs des Montagnes Rocheuses à cause de l
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altitude, des déserts et du Grand Nord canadien. En Europe, il est naturalisé en Suisse, en France, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, en Autriche, en République tchèque, en Slovaquie, en Espagne, en Biélorussie ainsi que dans les pays du Caucase. Il n'a jamais vécu naturellement au Japon.
Le raton laveur fréquente la forêt mixte, la forêt de feuillus et les régions agricoles. On le retrouve en bordure des forêts, le long des cours d
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eau et dans les marécages sous presque toutes les latitudes de l
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Amérique du Nord. Il peut aussi vivre dans les parcs urbains et les banlieues.
Le territoire du raton laveur varie entre 1 et 50 km² en fonction des densités humaines1. La femelle ne défend pas de territoire. La densité moyenne est de 4 à 20 individus par km² sur les terres cultivées et jusqu
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à 100 par km² en ville. Le domaine vital d
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un mâle compte entre 2 et 12 femelles en période de reproduction.
Dans les années 1930, le raton laveur est introduit une nouvelle fois en URSS et en Allemagne pour sa fourrure, dans des fermes d
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élevage. Parfaitement acclimaté et en l
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absence de ses prédateurs naturels américains, il a proliféré depuis. Aujourd
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hui, on compte environ 100 000 ratons laveurs en Europe. L
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espèce est présente au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France (Aisne où il aurait été libéré près de la Base aérienne de Laon-Couvron par les membres de la Force aérienne des États-Unis), en Suisse, en Pologne et en Belgique.
Aujourd
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hui, il est considéré comme une menace pour la biodiversité et a été classé par le Conseil de l'Europe comme espèce invasive dont l
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éradication est conseillée en raison de son impact sur la faune locale. En France, il est classé nuisible depuis juin 2016.
RÉGIME ALIMENTAIRE
Omnivore, le raton laveur a un régime alimentaire varié mais préfère néanmoins les invertébrés, les insectes, les vers et les larves. Étant protégé des piqûres par son épaisse fourrure, il s
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attaque aussi aux nids d
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insectes.
Il mange de petits animaux aquatiques : palourdes d
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eau douce, moules, écrevisses, poissons, grenouilles, tortues, amphibiens et huîtres. Il s
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alimente aussi de petits mammifères (rats musqués, mulots). Il peut aussi s'attaquer aux poules. En été et en automne, il privilégie le maïs, les fruits, les baies, les glands et les noix. Dans les villes, il fouille dans les poubelles qu
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il ouvre aisément avec ses doigts agiles. Il lui arrive de manger des charognes.
La croyance populaire selon laquelle le raton laveur lave sa nourriture avant de la consommer vient du fait qu
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il se nourrit généralement de petits animaux aquatiques et frotte souvent sa nourriture entre ses mains comme pour la pétrir. Ainsi, des amas de coquilles de palourdes sur la rive d
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un cours d
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eau ou de tiges rompues dans les champs de maïs sont des signes de sa présence.
GÎTE
Le raton laveur choisit souvent un arbre creux pour s
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abriter.
Le raton laveur s
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abrite dans les arbres creux, les souches, les cavernes, les terriers de marmottes abandonnés, les granges ou les hangars. Il change souvent d
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abri. Vers mi-octobre, l
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animal se réfugie dans son gîte et y passe l
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hiver en état de torpeur, ne se réveillant que de temps à autre. Comme l
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ours noir et le blaireau, il cesse de manger et survit grâce à ses réserves de graisse accumulées pendant l
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été. Contrairement à ce qu
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on a longtemps cru, la température de son corps et son métabolisme demeurent élevés. Les mâles sortent de leur gîte fin janvier, les femelles vers mi-mars.
En ville, on peut trouver l
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animal dans les greniers, les égouts et les cheminées auxquels il accède grâce à ses griffes qui lui permettent de grimper facilement à plusieurs mètres du sol. Chaque gîte abrite entre un et cinq individus (jusqu
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à 23 dans le Minnesota). Il fréquente plusieurs abris en dehors de l
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hiver.
REPRODUCTION
Les accouplements ont lieu en janvier ou en février dans les régions du nord, en mars dans les autres régions. Les femelles n
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ont qu
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une seule portée par année et peuvent avoir des petits dès leur première année. Le mâle est polygame et peut se reproduire dès sa deuxième année. La femelle monogame est réceptive pendant 3 à 6 jours et la gestation dure 63 jours.
Une portée comprend entre un et trois ratonneaux au sud contre trois à sept au nord et parfois jusqu
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à neuf. Les petits naissent en avril ou en mai. Ils sont aveugles, pèsent entre 60 et 75 g et ont le dos et les flancs poilus. Les premières dents apparaissent au bout d
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une vingtaine de jours. Leurs yeux s
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ouvrent à trois semaines. Les ratonnes s
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occupent seules de l
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élevage des petits qui sont sevrés à quatre mois. Le masque noir de la fourrure autour des yeux ainsi que les anneaux de la queue apparaissent avant dix semaines. Leur cri est semblable au pépiement d
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oiseau et ils se nourrissent du lait maternel. Les ratonneaux peuvent à leur tour se reproduire à l
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âge d
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un ou deux ans selon le sexe. Ils passent leur premier hiver avec leur mère et ne se dispersent qu
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au début de l
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été suivant.
COMPORTEMENT
Les jeunes se laissent facilement apprivoiser par les hommes. À l
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âge adulte, les mâles deviennent agressifs et reviennent facilement à la vie sauvage après un temps de captivité.
Le raton laveur est un bon grimpeur et un bon nageur. Sur terre, il se déplace assez lentement, ce qui le rend vulnérable. Il peut descendre d
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un tronc la tête la première, en tournant ses pieds de derrière à 180°. Animal curieux et intelligent, il sort de sa tanière surtout la nuit, sauf pendant la période de reproduction et en ville. Le raton laveur émet des grognements lorsqu
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il est en danger.
En été et en automne, il emmagasine des réserves de graisse pour la mauvaise saison et peut gagner jusqu
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à deux fois son poids d
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origine. L
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épaisseur de la couche de graisse peut atteindre 2,5 cm sur le dos. En hiver, le raton laveur n
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hiberne pas mais entre dans une période d
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inactivité et de dormance, sauf dans les régions du Sud où l
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animal continue d
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être actif.
LONGÉVITÉ
Le raton laveur vit généralement entre 3 et 5 ans en milieu naturel et parfois jusqu
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à 14 ou 16 ans. En captivité, il peut dépasser les 16 ans voire 21 ans. Les jeunes meurent généralement de malnutrition, de maladie ou tués par un prédateur.
PRÉDATEURS
Le principal prédateur du raton laveur est l
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homme. À l
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époque précolombienne, il était chassé par les Amérindiens qui appréciaient sa chair et sa fourrure. Aux temps modernes et au xixe siècle, les trappeurs et les coureurs des bois le capturaient et pratiquaient la traite des fourrures. L
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apogée de ce commerce fut atteint dans les années 1920 ; entre 1941 et 1989 plus de 1,7 million de ratons furent tués pour leurs fourrures rien que dans l
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État du Nebraska. Aujourd
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hui, la fourrure du raton ayant peu de valeur et étant difficile à travailler, cette activité est tombée en désuétude.
Bien que principalement chassés pour leur fourrure, les ratons laveurs ont également été longtemps une source de nourriture importante pour les Amérindiens et les Américains et le raton laveur au barbecue était un plat traditionnel dans les fermes américaines. C'était souvent un repas de fête. Les esclaves américains mangeaient du raton laveur à Noël, mais ce n'était pas forcément un plat de pauvres ou de paysans; Dans le quotidien The Golden Era de San Francisco du 21 décembre 1856, le raton laveur figure parmi les spécialités conseillées pour les fêtes et le raton laveur Rebecca reçu par le président américain Calvin Coolidge lui avait été envoyé initialement pour être servi au dîner de Thanksgiving de la Maison-Blanche. La première édition de The Joy of Cooking, publiée en 1931, contenait une recette pour la préparation du raton laveur avec de l
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écureuil et de l
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opossum. Elle suggérait d
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enlever les glandes de musc et la graisse avant de faire rôtir l
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animal et de l
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accompagner avec des patates douces.
Parce que les ratons laveurs sont généralement considérés comme attachants, mignons ou porteurs de vermine, beaucoup de consommateurs ordinaires ont une peur répulsive d'en manger. Cependant, plusieurs milliers de ratons laveurs sont encore consommés chaque année aux États-Unis. Bien que le Coon Feed à Delafield dans le Wisconsin soit un événement annuel depuis 1928, sa principale utilisation culinaire se rencontre dans certaines régions du sud des États-Unis comme l'Arkansas où le Gillett Coon Supper est un événement politique important.
Chaque année, 2 à 4 millions d
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individus sont tués par les automobilistes ou les chasseurs. Le raton laveur est perçu comme une menace pour les agriculteurs lorsqu
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il s
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attaque aux vergers, aux œufs, aux champs de maïs, aux greniers, aux cabanes à sucre ou aux ruches. En Suisse, il est chassé et jugé indésirable pour l
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équilibre naturel.
Autrefois recherché par l
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homme pour sa fourrure, le raton laveur est toujours la proie de la martre d
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Amérique, du lynx roux, du puma, du coyote, du loup gris, du renard roux mais aussi du chien domestique. Le grand-duc d
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Amérique capture parfois des petits. Il est attaqué par les alligators dans le Sud des États-Unis.
MALADIES
Le raton laveur peut être porteur de la rage, de la maladie de Carré ou de la gale mais aussi de parasites (infection à parvovirus, leptospirose et Baylisascaris procyonis). Selon l'Agence canadienne d'inspection des aliments, la rage est transmissible à l
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homme par la salive.
TAXINOMIE
Nom commun
En anglais, "raton laveur" se traduit par le mot raccoon, lui-même issu de l
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algonquin ärähkun, déverbal de ärähkun
ě
m "il gratte avec les mains". Les trappeurs de la Nouvelle-France auraient ensuite formé le mot "raton", par analogie avec raccoon. Au Québec, chez les plus vieilles générations, il est connu sous le nom de "chat sauvage". Les Acadiens le nomment quant à eux la "mascouèche, marchouèche ou machecouèche", les Cadiens le "chaoui", tous les deux empruntés aux langues amérindiennes.
Nom scientifique
Dans les premières décennies après sa découverte par les membres de l'expédition de Christophe Colomb, qui a été la première personne à laisser une trace écrite sur l'espèce, les taxonomistes ont pensé que le raton laveur était apparenté à de nombreuses espèces différentes, comme les chiens, les chats, les blaireaux et plus particulièrement les ours38. Carl von Linné, le père de la taxonomie moderne, a placé le raton laveur dans le genre Ursus, d'abord comme Ursus cauda elongata ("ours à longue queue") dans la deuxième édition de son Systema Naturae, puis comme Ursus lotor ("ours laveur") dans la dixième éditio9. En 1780, Gottlieb Konrad Christian Storr a placé le raton laveur dans son propre genre -Procyon- qui peut se traduire soit par "avant le chien" ou "qui ressemble au chien". Il est également possible que Storr ait eu son mode de vie nocturne à l'esprit et ait choisi l'étoile Procyon comme éponyme pour le genre. L'épithète spécifique du raton laveur est lotor, lotor signifiant "laveur" en latin.
Évolution
Sur la base de preuves fossiles en France et en Allemagne, les premiers membres connus de la famille des Procyonidae vivaient en Europe à la fin de l'Oligocène, il y a environ 25 millions d'années. Les dents et les structures du crâne semblables suggèrent que les Procyonidés et les Mustelidés partagent un ancêtre commun, mais les analyses génétiques indiquent une relation plus étroite entre les ratons laveurs et les ours. Après avoir traversé le détroit de Béring au moins six millions d'années plus tard, l'espèce de l'époque a eu son centre de répartition se situant probablement en Amérique centrale. Les coatis (genres Nasua et Nasuella) et les ratons laveurs (genre Procyon) ont été considérés comme pouvant éventuellement partager une origine commune, une espèce du genre Paranasua présente il y a entre 5,2 et 6,0 millions d'années. Cette hypothèse, basée sur des comparaisons morphologiques, est en conflit avec une analyse génétique de 2006 qui indique que les ratons laveurs sont plus étroitement apparentés aux Bassariscus. Contrairement à d'autres procyonidés, comme le Raton crabier (Procyon cancrivorus), les ancêtres du raton laveur commun ont quitté les zones tropicales et subtropicales et migré vers le nord il y a environ 4 millions d'années, une migration qui a été confirmée par la découverte de fossiles dans les Grandes Plaines datant du milieu du Pliocène.