UN CARNIVORE VÉGÉTARIEN !
Le panda géant vit dans les régions montagneuses de Chine, entre 1 200 et 4 100 mètres d'altitude. Bien qu'il soit classé parmi les mammifères carnivores, il mange presque exclusivement des pousses de bambou. Son système digestif reste cependant celui d'un carnivore ; il possède donc une faible capacité à digérer la cellulose de cette plante, par ailleurs très pauvre en énergie. Pour pallier ce faible apport énergétique, le panda géant mange jusqu'à 30 kg de bambou par jour et consacre près de 14 heures de sa journée à s'alimenter. Le reste du temps, il s'économise en dormant énormément : de 10 à 20 heures sur 24 !
ÉTYMOLOGIE ET HISTOIRE DE LA NOMENCLATURE
Morphologiquement, son nom normalisé chinois actuel, est "grand chat-ours". En tibétain son nom signifie ours-panaché .
Le nom de genre Ailuropoda vient du grec ailouros qui signifie "chat" et de pous - podos qui signifie "pied", soit "à pied de chat".
L’épithète spécifique melanoleuca en latin scientifique vient du grec melas "noir" et leukos "blanc".
Armand David (1826-1900) un missionnaire botaniste et zoologue collecta durant son séjour en Chine des milliers des spécimens de plantes et d’animaux, non décrits par la botanique et la zoologie de son époque. Il les préparait et envoyait par caisses entières au Muséum national d’histoire naturelle pour description et classification plus précises6. Parmi les mammifères, le père David est célèbre pour sa découverte du Panda géant au Tibet oriental. Durant sa seconde mission d’exploration naturaliste en Chine centrale, il se fixa Dengchigou, actuellement dans le xian de Baoxingn, à 200 km à l’ouest de Chengdu la capitale du Sichuan, dans une région d’ethnie tibéto-birmane Jiarong (au XIXe siècle appelée en chinois Mantze manzu "barbare").
Chez un chasseur local, il voit pour la première fois la peau de ce qui semble être un ours blanc et noir de belle taille. Il charge des chasseurs indigènes de lui en ramener un. Dix jours plus tard, le 23 mars 1869, ils lui apportent un jeune ours blanc selon leur terme, capturé vivant et malheureusement tué pour la commodité du transport. Il note "Le jeune ours blanc qu’ils me vendent fort cher, est tout blanc, à l’exception des quatre membres, des oreilles et du tour des yeux, qui sont d’un noir profond. Ces couleurs sont les mêmes que celles de la peau adulte que j’ai examinée l’autre jour chez le chasseur Li. Il s’agit donc d’une nouvelle espèce d’ursidé qui est très remarquable non seulement par sa couleur, mais encore par ses pattes velues en dessous et par d’autres caractères".
Il joindra à la caisse qui emportera l’animal à Paris, une note descriptive
"Ursus melanoleucus, provist. – un mâle adulte avec tous ses os, une jeune femelle avec son squelette aussi […] Il est très difficile de tuer cet ours et pour avoir ce vieux mâle que je vous envoie, douze ou quinze chasseurs ont dû travailler pendant un demi-mois et sacrifier bon nombre de leurs chiens" (Armand David, octobre 1869)
Le zoologue Milne-Edwards du Muséum national d’histoire naturelle qui analysera la caisse envoyée par le père David indiquera
"L’animal qui, sans contredit, présente le plus d’intérêt, est celui que M. l’abbé David nous avait signalé sous le nom d’Ursus melanoleucus. Par sa forme extérieure, il ressemble en effet beaucoup à un Ours, mais les caractères ostéologiques et le système dentaire l’en distinguent nettement et le rapprochent des Pandas et des Ratons. Il doit constituer un genre nouveau que j’ai appelé Ailuropoda."
DESCRIPTION
Le panda géant est volumineux et massif : il pèse de 80 à 125 kg, avec une moyenne de 105,5 kg ; il mesure de 1,50 à 1,80 mètre de longueur, avec une moyenne de 1,65 mètre. Comme chez la majorité des grands mammifères, les femelles sont généralement plus petites et moins massives.
Le panda est noir et blanc. Il est majoritairement constitué de blanc, avec les oreilles, les pattes et le contour des yeux noirs. Son pelage épais le protège du froid des régions de haute altitude où il vit.
Le panda possède six doigts dont un "faux pouce" opposable à ses cinq doigts. Phénomène de convergence évolutive, il provient de la transformation d'un os du poignet modifié (l'os sésamoïde). Stephen Jay Gould a utilisé cette particularité anatomique comme un exemple de "bricolage évolutif" dans son essai Le Pouce du panda. Ce pouce est une adaptation liée à l'alimentation (il sert notamment à attraper les tiges de bambou dont il se nourrit en grande quantité) ou au déplacement.
Herbivore, il a de puissantes dents, pour broyer les bambous. Il possède 42 dents.
Son ouïe et son odorat sont très fins : il utilise surtout ces deux sens pour s'orienter et se repérer. Sa vue, en revanche, est plutôt médiocre : moins bonne que celle du chat ou de l'homme.
EXCEPTION
Le Panda de Qinling est une sous-espèce de panda résidant uniquement dans les montagnes de Qinling en Chine a une altitude de 100 à 3 000 m. Il se distingue notamment par sa fourrure ventrale brune.
En 2019, un panda albinos est photographié pour la première fois dans le sud-ouest de la Chine.
TAXONOMIE
La classification taxonomique précise du panda a longtemps été discutée. Ainsi, "dans le passé, le panda roux a été classé dans une famille séparée, les Ailuridae avec le panda géant", mais cette classification est aujourd'hui abandonnée au bénéfice d'un classement du Panda géant chez les ursidés, classification basée sur sa dentition, l'étude de son squelette et la génétique.
Autre classification devenue obsolète, "tant le panda géant [...] que petit panda roux (Ailurus fulgens) ont été regroupés dans le passé comme procyonidés", la famille des ratons laveurs. Même si cette classification est également abandonnée, elle rappelle que les ursidés et les procyonidés sont deux sous-groupes assez proches parmi les carnivora.
Deux sous-espèces sont distinguées, la sous-espèce type A. m. melanoleuca et A. m. qinlingensis, le panda de Qinling qui se trouve dans la province du Shaanxi.
Sa description tardive en Occident s'explique par son habitat situé dans des régions difficiles d'accès aux Européens avant le milieu du xixe siècle.