Le type de proies dépend de leur abondance, de l’habitat, de la localisation et des saisons. Comme la plupart des félins, le Lynx roux est territorial et principalement solitaire, bien qu’il y ait des chevauchements entre territoires. Il emploie plusieurs méthodes pour délimiter son territoire, dont les marques de griffes et les dépôts d’urine ou d’excréments. Le Lynx roux se reproduit en hiver et au printemps et a une période de gestation d’environ deux mois.
Chassé à la fois pour le sport et sa fourrure, sa population est cependant stable. Cet "insaisissable" prédateur caractéristique des États-Unis apparaît dans la mythologie des Nord-Amérindiens et le folklore des colons européens.
DESCRIPTION
La fourrure du Lynx roux est courte, douce et dense, de teintes variées. Le dos va du gris clair au brun rougeâtre, plus sombre au milieu. En général, les lèvres, le menton, l’intérieur des membres et le ventre sont de couleur crème. La robe peut être marquée de taches noires ou brun foncé, ou de raies. L’arrière des oreilles est noir avec une tache blanche bien visible. De plus, les oreilles sont couronnées par une touffe de poils noirs, comme pour tous les lynx. La queue est courte, blanche sur la partie inférieure, marquée d’une large bande noire sur le dessus de l’extrémité et de plusieurs raies sombres.
Les Lynx roux des régions désertiques possèdent les robes les plus claires tandis que les populations du Nord, vivant en forêt, sont plus sombres. Les jeunes naissent avec une fourrure tachetée. Quelques spécimens mélaniques ont été aperçus et capturés en Floride : leur robe noire laisse apparaître les taches. Il existe également des individus albinos.
La tête paraît large du fait du collier de poil autour du cou en dessous des oreilles. Le nez est de couleur rose-rouge, et les yeux sont jaunes avec des pupilles noires en fente. Le lynx a une ouïe et une vision fines ainsi qu’un bon sens de l’odorat. Les vibrisses, souvent appelées "moustaches", se trouvent sur le museau, au-dessus des yeux, sur les joues et au niveau des pattes : comme pour tous les félins, elles sont un organe du toucher très sensible. C’est un excellent grimpeur et il sait nager, bien qu’il évite l’eau de préférence.
Le Lynx roux est le plus petit représentant des quatre espèces du genre Lynx. Le Lynx roux mâle adulte mesure de 70 à 120 cm de long, en moyenne 90 cm, en incluant la queue courte de 10 à 18 cm. La hauteur au garrot est de 45 à 58 cm. Les mâles pèsent entre neuf et quatorze kilogrammes et les femelles entre six et neuf kilogrammes environ9. Les pattes arrière sont plus longues que les pattes avant, ce qui lui donne une allure chaloupée. À la naissance, il pèse entre 280 et 340 g et mesure 25 cm de long environ. Durant la première année, les jeunes atteignent les 4,5 kg.
Le Lynx roux est plus gros au Nord de son aire de répartition et dans les habitats ouverts : il obéit à la règle de Bergmann. Dans l’ouest des États-Unis, des comparaisons de taille ont montré un dimorphisme sexuel plus important dans les régions continentales que dans les régions côtières : cela suggère une sélection naturelle sur des critères sexuels ou une compétition intraspécifique entre les mâles et les femelles.
Le Lynx roux peut être confondu avec le Lynx du Canada qui partage une partie de son aire de répartition. Le Lynx roux a toutefois des pattes plus courtes et des pieds plus petits, sans poil sur les coussinets. La touffe de poils qui surmonte chaque oreille est également beaucoup plus petite que celle du Lynx du Canada ; enfin, la queue du Lynx du Canada est plus courte et son extrémité est complètement noire tandis que celle du Lynx roux est claire sur le dessous.
EMPREINTES
Les traces du Lynx roux montrent quatre orteils sans trace de griffes en raison de leur rétractilité. L’empreinte, aussi longue que large, peut mesurer de deux à huit centimètres et la moyenne est à 4,5 cm. Quand il marche ou trotte, les empreintes sont espacées de 20 à 46 cm, mais lorsqu’il court, le Lynx roux peut faire de grandes enjambées de un à trois mètres.
Comme tous les félins, les traces des pattes avant tombent exactement au-dessus des traces des pattes arrière. Les traces du Lynx roux peuvent être distinguées de celles du chat haret ou du chat domestique grâce à leur grosseur : le chat domestique a des empreintes de 10 cm2 tandis que celles du Lynx roux atteignent les 13 cm2.
PHYLOGENÈSE
La classification du Lynx roux a fait l’objet d’un débat : fallait-il le classer comme Lynx rufus ou Felis lynx ; le Lynx roux devait-il, avec les trois autres espèces de Lynx, être classé dans son propre genre Lynx ou être un sous-genre de Felis ? Il est à présent admis que le Lynx roux fait partie du genre Lynx et il est listé comme Lynx rufus dans toutes les références taxonomiques modernes. Le Lynx roux possède en effet deux prémolaires sur la mâchoire supérieure, ce qui est une caractéristique du genre Lynx.
Selon une étude menée par Johnson en 2006, les Lynx partageraient un clade avec les lignées du Puma, Prionailurus et Felis depuis 7,15 millions d’années. Le genre Lynx serait le premier à avoir divergé, il y a environ 3,24 millions d’années. Le Lynx roux aurait évolué depuis le Lynx d’Issoire qui aurait migré en Amérique du Nord par le détroit de Béring durant la glaciation du Pléistocène il y a cinq à deux millions d’années : des preuves de sa présence il y a 2,5 à 2,4 millions d’années ont été découvertes au Texas. Le Lynx d’Issoire aurait évolué en une forme intermédiaire Lynx issiodorensis kurteni puis vers Lynx rufus20. Une seconde population de lynx aurait colonisé l’Amérique du Nord depuis l’Asie et serait à l’origine du Lynx du Canada moderne.
SOUS-ESPÈCES
Douze sous-espèces sont reconnues. La scission en différentes sous-espèces, basée sur des aires de répartition plus que sur des différences anatomiques ou comportementales, est peu claire. La division géographique est critiquée, notamment parce que de nombreuses zones de recouvrement existent. Ce problème outrepasse le simple domaine de la taxinomie, puisque la législation différencie l’espèce de ses sous-espèces : Lynx rufus escuinipae a ainsi été déprotégée car la validité de cette sous-espèce était insuffisante.
Lynx rufus baileyi Merriam, 1890 – sud-ouest des États-Unis et nord-ouest du Mexique.
Lynx rufus californicus Mearns, 1897 – Californie, ouest de la Sierra Nevada.
Lynx rufus escuinipae J. A. Allen, 1903 – Centre du Mexique, et une extension au nord le long de la côte Ouest du sud du Sonora.
Lynx rufus fasciatus Rafinesque, 1817 – Oregon, Washington, ouest de la chaîne des Cascades, nord-ouest de la Californie et sud-ouest de la Colombie-Britannique.
Lynx rufus floridanus Rafinesque, 1817 – sud-est des États-Unis et vallée du Mississippi, jusqu’au sud-ouest du Missouri et le sud de l’Illinois.
Lynx rufus gigas Bangs, 1897 – du nord de l’État de New York à la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.
Lynx rufus oaxacensis Goodwin, 1963 – Oaxaca.
Lynx rufus pallescens Merriam, 1899 – nord-ouest des États-Unis et sud de la Colombie-Britannique, Alberta et Saskatchewan.
Lynx rufus peninsularis Thomas, 1898 – Basse-Californie.
Lynx rufus rufus Schreber, 1777 – Centre-est des États-Unis.
Lynx rufus superiorensis Peterson et Downing, 1952 – ouest des Grands Lacs, en incluant le Michigan, le Wisconsin, le sud de l’Ontario et une grande partie du Minnesota.
Lynx rufus texensis J. A. Allen, 1895 – ouest de la Louisiane, Texas, centre de l’Oklahoma et sud de Tamaulipas, Nuevo León, et Coahuila.