Il est l'une des 2 sous-espèces de l'atèle à tête brune
CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES
Le singe-araignée à tête brune ressemble à son cousin de Guyane et du Brésil, l’atèle à face rouge (Ateles paniscus). Totuefois comme son nom l’indique, il se différencie par sa tête entièrement brune là où Ateles paniscus arbore une face dépourvue de poils laissant apparaître une peau très rouge. Ateles fusciceps est recouvert d’un pelage noir intense et doté de membres plus longs que chez la plupart des autres primates. A noter toutefois que l’on distingue physiquement la sous-espèce équatorienne de celle colombiano-panaméenne par la couleur de leur tête. En effet, la face est plutôt brune chez A. f. fusciceps et complètement noire, parfois ponctuée de quelques poils blancs au niveau du menton, chez A. f. rufiventris. Les doigts de l’atèle à tête brune sont particulièrement grands, ce qui lui permet de saisir fermement les branches lors de ses déplacements et de rester solidement fixé à un arbre lorsqu’il se saisit d’un fruit. A l’âge adulte, l’atèle à tête brune pèse entre 7 et 9 kg et mesure environ 60 cm de haut.
L’atèle à tête brune est un singe frugivore, qui se nourrit donc principalement de fruits (83 % de son régime alimentaire). Il trouve sa nourriture tout en haut des arbres, dans la canopée ou dans les étages inférieurs et n’a donc quasiment jamais besoin de s’aventurer dans les sous-bois. Lorsque la saison des fruits est passée, au début de la saison sèche, il se tourne davantage vers les feuilles et les fleurs (régime folivore) qu’il affectionne également. Il peut même se mettre à la recherche d’autres types de nourritures, comme par exemple des oeufs et des insectes (termites et chenilles principalement), pour compléter son alimentation.
COMPORTEMENT
Comme de nombreux singes arboricoles tels les gibbons, les atèles à tête brune se déplacent par brachiation autrement dit en se suspendant aux branches et en avançant en balançant un bras puis l’autre et ainsi de suite. Ces singes sont également dotés d’une longue queue préhensile – entre 70 et 85 cm – qui leur donne de l’équilibre et leur sert de cinquième membre pour se pendre aux branches. Par ailleurs, les singes-araignées sont des animaux grégaires qui vivent en groupe de 20 à 30 individus. Toutefois, ils ne restent pas collés les uns aux autres et préfèrent se déplacer et se nourrir seuls. Même au moment de se reposer, ils ne se regroupent pas tous ensemble mais forment de petits groupes de 2 à 4 individus en général. Ces singes communiquent entre eux par des gestes et des postures mais aussi par des cris puissants qui peuvent s’entendre à plusieurs centaines de mètres alentour.
HABITAT
Les deux sous-espèces vivent dans les forêts du nord-est de l’Amérique latine. De son côté, A. f. fusciceps est une sous-espèce endémique de l’Equateur. Deux populations sont reconnues : celle vivant dans la chaîne de montagnes de Chongon colonche et cette qui réside dans la réserve de Cotacachi-Cayapas et les forêts environnantes du nord. Son cousin A. f. rufiventris, quant à lui, vit dans la cordillère occidentale des Andes, du sud-ouest de la Colombie jusqu’à l’est du Panama.
L’atèle à tête brune est un singe arboricole qui passe une grande partie de son temps dans les arbres. En Equateur, on le trouve principalement dans des forêts tropicales et subtropicales, dans un climat plutôt humide et à des altitudes allant de 100 à 1 700 m. En Colombie en revanche, ce singe est moins difficile et s’accommode aussi bien des forêts sèches que des forêts humides. Il s’établit entre 2 000 et 2 500 m au-dessus du niveau de la mer.
MENACES
D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’espèce est en danger critique d’extinction, soit le dernier stade avant la disparition dans la nature. Il faut dire que les statistiques sont plus qu’alarmantes : en 45 ans, sa population aurait décliné de 80 % partout sur son aire de répartition. En revanche, on ignore combien il reste de singes-araignées à tête brune dans la nature. Il semblerait qu’on ait cependant une estimation pour la sous-espèce A. f. fusciceps : il en resterait moins de 280 en Equateur.
BRACONNAGE
La chasse est l’une des principales causes du déclin du singe-araignée à tête brune. Partout sur son territoire, ce primate est pourchassé et abattu par l’Homme. Certains peuples autochtones le chassent pour se nourrir, y compris dans les zones protégées où ils vivent. D’autres personnes s’y intéressent pour le trafic des animaux sauvages transformés en animaux de compagnie. Comme c’est le cas pour de nombreux primates dont les gibbons et les chimpanzés, les parents sont souvent tués par les braconniers qui récupèrent ensuite les petits pour les vendre sur le marché noir.
DESTRUCTION DE SON HABITAT
Parce qu’il vit dans la canopée où il trouve toute sa nourriture ainsi qu’un refuge pour échapper à d’éventuels prédateurs, l’atèle à tête brune est très affecté par la déforestation. Quelques chiffres permettent de comprendre l’ampleur de ce qu’il se passe dans son habitat naturel : en Colombie, le territoire de ce singe couvrait à l’origine une surface d’environ 142 000 km². C’est 35 % de moins aujourd’hui et chaque année, cela se réduit de 0,2 %. Le phénomène s’aggrave à mesure que l’on se rapproche de la côte caribéenne, au nord du pays, avec un taux de déforestation s’élevant à 1,55 % par an entre 2002 et 2009 et même à 2,98 % entre 2009 et 2012. Résultat, il ne restait plus en 2017 qu’un territoire viable de 92 300 km² parmi lesquels seuls 850 km² sont protégés.
EFFORTS DE CONSERVATION
L’extinction du singe-araignée à tête brune serait catastrophique pour l’environnement dans lequel il vit car cette espèce participe directement au bon fonctionnement de son écosystème. En effet, lorsqu’il se saisit d’un fruit pour s’en nourrir, il en disperse les graines – que ce soit en le mangeant ou après défécation – et favorise ainsi la reforestation des arbres fruitiers.
LA CONSERVATION DE L’ATÈLE À TÊTE BRUNE EN EQUATEUR
C’est peut-être le pays où il est le plus protégé. Tout d’abord, parce que la chasse et la détention comme animal de compagnie d’un singe-araignée à tête brune sont interdites par la loi équatorienne depuis 2000. Attention, cela ne veut pour autant pas dire que cela a disparu. Certains villages autochtones n’ont pas immédiatement respecté cette réglementation, maintenant leurs traditions ancestrales. Une étude menée 2016 auprès de plusieurs peuples de ces régions révèle d’ailleurs que la traque des atèles à tête brune continue. « Il est évident que l’information et la compréhension de cette loi n’ont pas été transmises avec succès », souligne l’étude. Et puis en 2011 a été créé le projet Washu, consacré à la protection de l’atèle à tête brune en Equateur. Son objectif : combiner recherche scientifique, sensibilisation du public et développement d’alternatives économiques pour favoriser le maintien des populations sauvages dans la région, ce qui passe par une collaboration avec les peuples autochtones afin qu’ils deviennent les acteurs de la conservation de ce singe sur le terrain.
Sauvegarde du primate en Colombie
En Colombie, le parc national de Tatamá est l’un des dix parcs nationaux à abriter cette espèce. Il sert de terrain d’enquête aux scientifiques qui espèrent en apprendre plus sur la dispersion de l’atèle à tête brune dans l’espace et la taille de sa population pour mettre en place des solutions ciblées pour sa conservation. Une priorité quand on sait que côté colombien, aucune étude approfondie n’a encore été réalisée pour connaître la répartition et le nombre d’individus, malgré l’état critique dans lequel se trouve l’espèce.
LA PROTECTION DU SINGE-ARAIGNÉE À TÊTE BRUNE AU PANAMA
Comme en Equateur, Ateles fusciceps est protégé par la loi au Panama depuis 1995. Le pays a par ailleurs instauré une nouvelle norme fin 2016 en faveur de la biodiversité. Dorénavant, la liste des espèces animales et végétales menacées doit être mise à jour régulièrement, la priorité étant donnée à celles en danger critique d’extinction reconnues par l’UICN, dont fait partie l’atèle à tête brune. Sur le papier, ces espèces très menacées devraient donc faire l’objet de plans d’actions dédiés et de programmes de conservation sur tout le territoire national. En attendant que de telles mesures soient prises, le singe-araignée peut compter sur la Fondation pour la conservation des primates panaméens (FCPP). Cet organisme à but non lucratif créé en 2001 s’est donné pour mission d’étudier les primates vivant au Panama afin de fournir des données pertinentes pour établir des mesures de conservation efficaces. L’un de ses projets porte sur les singes de la province du Darién à savoir le singe noir hurleur, le capucin et le singe-araignée à tête brune.
A noter que l’atèle à tête brune est inscrit à l’annexe II de la Cites. Son commerce international n’est donc pas interdit mais soumis à des réglementations.
REPRODUCTION
L’atèle à tête brune atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 3 à 4 ans. Les femelles donnent naissance à un seul petit tous les trois à quatre ans environ, après une gestation de plus de 7 mois (entre 226 et 232 jours). Une fois né, le petit est pris en charge par sa mère jusqu’à son sevrage vers l’âge de 20 mois, puis il passera toute leur vie au sein du groupe s’il s’agit d’un mâle. En effet chez le singe-araignée à tête brune, ce sont les femelles qui quittent le groupe pour aller se reproduire ailleurs, évitant ainsi tout risque de consanguinité.
L’âge tardif à partir duquel ce singe-araignée peut se reproduire et les longs intervalles entre deux naissances font que le déclin de la population sauvage est encore plus rapide, l’espèce ne pouvant assurer un renouvellement suffisant pour faire face aux menaces qui pèsent sur elle. Son espérance de vie, quant à elle, est d’environ 24 ans.